Bis Repetita Non Placent Poem by Marcel Aouizerate

Bis Repetita Non Placent

Je n'ai pas envie de commenter ce qui se passe en ce moment à Gaza, si ce n'est pour espérer deux choses. La première serait que le Hamas cesse de lancer ses roquettes sur Israël et la deuxième qu'il n'y ait pas d'intervention terrestre, afin de préserver la vie des soldats de Tsahal.

Quant à l'objectif recherché par cette opération, j'avoue ne pas avoir assez de proximité avec les enjeux pour le comprendre. Je souhaite en tout état de cause qu'elle relève d'une dynamique d'affaiblissement pérenne du Hamas, et qu'il ne s'agisse pas simplement d'une réaction circonstancielle à la mort des adolescents juifs.

Ce dont je veux parler ici est d'une autre nature, même si son origine est à trouver dans une n-ième discussion avec des amis progressistes de gauche à propos du conflit Israélo Palestinien. Sans que cela soit avoué tout à fait en plein jour, j'entends dans leurs arguments, ce reproche adressé aux Juifs d'être passé du statut de victimes à celui de bourreaux.

Outre le fait qu'une telle inversion des valeurs saute à pieds joints sur les différences qu'on puisse trouver entre un citoyen Israélien et un individu appartenant au peuple juif, elle s'affranchit aussi avec la paresse intellectuelle qui en est venu à caractériser une partie croissante de la gauche, des notions de victimes comme celle de bourreaux.

Puisqu'il s'agit toujours d'être prudent lorsque l'on en vient à manipuler des substances inflammables, considérez seulement qu'il est des Israéliens non juifs intimement attachés à la grandeur de l'Etat d'Israël (les Druzes) et qu'il existe des Juifs indifférents, voire hostiles à la puissance d'Israël. Je ne me compte évidemment dans aucune de ces catégories.

D'ailleurs, je voudrais dire en passant que ce « raisonnement » sans queue ni tête qui voit en Israël une victime qui aurait accédé à la force, ivre de son ressentiment, mériterait d'être remis à sa place par une mesure accrue de généralité. Car il aura été anticipé, et avec bien plus de subtilité, par Balzac avec sa fameuse phrase « vouloir nous brûle et pouvoir nous détruit ». Mais nous y reviendrons.

L'essentiel à mon sens n'est pas là, car je sais, du fait des certitudes qu'apporte une pratique exigeante de l'amitié, qu'aucun de ceux dont je parle ne souhaite voir le peuple Juif rejoindre l'état victimaire qui l'a trop caractérisé depuis qu'il fut en diaspora.

En revanche, je sais aussi qu'il paraît improbable aux mêmes que le peuple Juif puisse avoir été au cours de l'histoire - et ce y compris aujourd'hui alors qu'Israël se bat et vainc - si régulièrement du coté de la vertu (car il n'est pas indifférent, si souvent que les Juifs se trouvent soumis à la discrimination ou la violence, qu'il s'agisse d'un présage funeste pour le reste de la communauté) .

Force est de reconnaître qu'il y ait en effet dans la position du peuple Juif au cours de l'histoire un indéniable coté « donneur de leçons ». Pour autant la nature du professeur, et ses défauts multiples, n'enlèvent rien à la validité de son enseignement.

Je mentirais par omission si j'arrêtais ici car je veux aussi dire la tragédie qui guette à chaque instant les supporters d'Israël - parmi lesquels je me compte - il se trouve qu'Antigone a raison et que Créon n'a pas tout à fait tort.

L'existence d'Israël protégé par des frontières sures est un objectif moralement indiscutable, et sa défense active relève d'une vertu assise non seulement sur le droit mais aussi sur cette histoire dont je parlais ci-dessus.

Pour autant cette vertu n'exonère pas - en fait, elle exige - une attention décuplée à l'exercice de ses moyens. Et si j'avais à dire quelque chose à mes amis Juifs et/ou Israéliens, dont certains appelaient tantôt à la vengeance plutôt qu'à la justice, je dirais ceci: lamentons nous donc de la mort des Palestiniens autant que nous nous réjouissons de la défense d'Israël.

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