Histoire D'Un Oiseau Poem by Rita El Khoury

Histoire D'Un Oiseau

Rating: 5.0

Il était une fois un tout petit oiseau
Fouinant partout avec son bec en biseau.
Il vivait dans un beau pays en sécurité
Loin des chasseurs, hiver comme été.
Dans son petit coin oublié des hommes,
Il ne faisait rien d’utile, en somme:
Le jour voletant de branche en branche,
La nuit choisissant le repos en revanche.
Parfois, les soirées de solitude ménagère,
Il s’amusait avec une femelle passagère.
Il n’avait aucun goût pour l’aventure,
Mais pour une monotonie plus sûre.
C’était sa vie, son monde, c’est étrange,
Mais il ne les laisserait pour rien en échange…

Pourtant, une nuit d’été et de pleine lune,
Il s’était assoupi sur un arbre à prunes.
Et il s’était endormi profondément
Quand il fut réveillé par un grondement.
Il sursauta, confondant réalité et rêve
Juste pour une seconde assez brève.
Il entendit le bruit sourd d’un tonnerre
Qui fit trembler la branche et la terre.
Au loin, il vit soudain un éclairci,
Une tempête? Dieu, pas ça, merci!
Pour lui, ce n’était que la foudre,
Il ne savait rien des fusils et poudres.
Mais quand il remarqua l’absence de pluie,
Il eut ses doutes, un oiseau intelligent, lui!

Le ciel était clair, donc pas de tempête
Mais quel nom donner à cela, en fait?
Horrifié, il comprit qu’il fallait fuir
Et de ce pays, au plus vite, déguerpir.
Il déploya de toute sa force ses ailes
Et vola rapidement avec son corps frêle.
Malgré les longues distances traversées
Le son des bombes continuait à le bercer.
Et l’image de son pays en effondrement
Le hantait de sa laideur de dément.

Enfin, après une course de kilomètres,
Il vit le soleil se pointer et le jour naître.
Autour de lui, rien que du sable,
Et un paysage hostile qui accable.
Il s’y posa, obligé, résigné et essoufflé,
Avec une crainte assez peu camouflée.
Il avait perdu sa stabilité et sa vie
Et il ne lui restait aucune envie.
Plus tard il apprit que c’était la guerre
Qui lui avait volé son nid et sa terre.
Il apprit que c’étaient eux, les hommes
Qui lui avaient arraché ses prunes et pommes.
Eux, ils avaient inventé ces outils du diable
Qui détruisaient maisons, cèdres et érables.

Aujourd’hui, parfois, de temps en temps,
Il retourne à son joli berceau d’antan.
Tout ce qui y subsiste n’est que ruine,
Et un désastre qui lui donne triste mine.
A vrai dire, il préfère mille fois le désert
Aux restes massacrés de son pays de misère.
S’il le savait, il aurait peut-être pleuré
Sur la beauté qu’il y avait jadis effleuré.
Pour cela il hait les hommes encore plus
Et invente, pour les éviter, mille astuces.

Combien d’autres oiseaux à travers le monde
Ont souffert la guerre et sa cruauté immonde?

COMMENTS OF THE POEM
Peter A. Crowther 04 March 2005

Very good indeed. It's almost like reading La Fontaine!

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