ON ANNONCE Poem by Michelle Grangaud

ON ANNONCE

On annonce le
vol en provenance
de Barcelone à la porte trente-deux.

Elle est allongée
sur le dos, dans l'herbe,
elle croit tomber en regardant le ciel.

Sur l'échafaudage
que le vent balance,
il repeint en sifflant le mur de l'immeuble.

Un car de transport
scolaire est tombé
dans un ravin : 6 morts et 22 blessés.

Elle a cassé le
thermomètre pour
jouer avec les boules de vif-argent.

Il souffle sur la
limaille de fer.
Le bruit des machines traverse le casque.

Le grand magasin
ferme. Les vendeuses
sortent vite par la porte de service.

Pendant le dîner,
les informations :
champ de décombres du tremblement de terre.

L'enfant se réveille
et il s'aperçoit
qu'une fois encore il a trempé son lit.

Elle dit bonsoir
d'une voix très rauque
qui ressemble à un sanglot inexplicable.

Il reste deux heures
devant le flipper,
cramponné à l'appareil, les dents serrées.

Après le dîner
c'est encore la
télé. Elle tricote en la regardant.

Il est accroupi
dans les escaliers
et c'est écrit sur un carton qu'il a faim.

Elle ne l'a pas
entendu venir.
Tressaille en sentant la main sur son épaule.

Il met deux doigts sous
les aisselles du
nouveau-né pour le faire sortir du ventre.

La voiture, après
un tête-à-queue et
deux tonneaux va se planter dans le talus.

Ils se tiennent par
le bras et promènent
devant eux, en parlant, leur canne d'aveugles.

Il met toujours un
bouquet de violettes
devant la photo de sa femme. Il est veuf.

La petite fille
se cache derrière
la porte et s'endort. On la trouve. On en rit.

Il ouvre les yeux,
ne reconnaît rien.
A tout oublié. Ne sait plus qu'un mot : oui.

Il fait nuit et froid.
Elle marche vite.
Derrière elle, un pas d'homme insiste. Elle a peur.

Le père aime bien
sa fillette. Il aime
pincer les joues rebondies. Il lui fait mal.

Elle tourne la
cuillère de bois
dans la confiture, rouge translucide.

Le virage tue
ou blesse, bon an
mal an, sa vingtaine d'automobilistes.

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