BALLADE DE L'HOMME MORT Poem by Serge Delaive

BALLADE DE L'HOMME MORT

Comme je marchais sur le promontoire
je m'aperçus que mon père s'était tenu là
au même endroit bien des années plus tôt
et son fantôme m'a traversé
alors que la mer furieuse implorait
mais il y a si longtemps que je suis mort
mort dedans mort devant et tout autour
si longtemps que je traîne mes chaînes
sur la crête de cette falaise au bord du vide
et que le poids du ciel toujours pareil
appuie sur l'armature de mon squelette
pour m'entraîner vers les précipices qui me hantent
quand je lutte au petit matin contre mon ventre
tous les matins toujours pareils
avec la mort qui me tend la main
moi tel l'enfant craintif
qui s'égare dans le labyrinthe
en une féerie triste au fond de sa tête
à travers l'épure oblique des regards
ici sur le rebond de la falaise crayeuse
car tout chemin même immobile
signifie pour moi une falaise compliquée
dont la pente mène vers la mer
vaste drap ondulant dans les fronces du vent
tissu étendu comme un catafalque
par-dessus des gouffres encore
et je marchais sur le promontoire
où mon père s'était tenu avant moi
tous les matins toujours pareils
quand son fantôme m'a traversé
au moment de la renverse de marée
qui happait les corps patients dans le jusant
alors je me suis agenouillé sur le sol
je savais que bientôt mon tour viendrait.

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