Claude Royet-Journoud

Claude Royet-Journoud Poems

l'éblouissement
face à la nature du crime
un simulacre épuise le sol


- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -


Après avoir choisi l'angle, une photographie du
muscle. L'image descend. On est en dehors. Dans la
soumission et la chute. La voix tient le dos.
Un désarroi géographique, sans recours. Elle ignore
la proximité de ce monde. Elle ne connaît que le
soubassement d'une terreur liquide et noire. Une
liste d'infinitifs prolonge l'accident.


- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -


sur le plancher
l'alphabet de l'ancêtre

est-ce un lac
cette disponibilité de l'œil ?

le corps se glisse là
d'un mot à abattre

il force la bête
à continûment se déplacer


- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -


le chiffre est à gauche de la construction
ils surgissent
dans l'inquiétude du mouvement
ils ont la légèreté pour espace


- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -


la répétition est déplacement
du bord invisible

la voix dissimule
un état d'apesanteur

elle ne saurait interrompre son trajet

autour de cette tache
le jour du chiffre, de l'étranglement
le poignet brûle l'ancienne manière
lèvres posées sur le nom
ils s'ajointent


- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -


« Un langage dans lequel ils n'ont pas pensé. »
Une enfance éteinte dans le bruit. Elle n'improvise
plus. (Nulle offrande, à peine un mouvement.) Elle
situe le tranchant, fait vaciller la plaie. Le centre de la
pièce est un linge. Il se ferme sur la perte, pousse
l'enfance vers le bas et porte à son terme l'image.
Dans l'encadrement furtif, le paysage se confond avec
l'œil.


- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -


C'est comme une rage que rien n'apaise. Chaque
coup renforce sa vigueur. La chute donne la mesure
du pas. La fragilité d'un sens « qui renferme quatre
corps simples ». Sans les reconnaître, elle renoue avec
eux. Seul le chiffre résiste. Il la rend à son exploitation
minière.
...

dazzle
faced with the nature of the crime
a simulacrum depletes the soil


- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -


Having chosen the angle, photographs the muscle.
The image comes down. We're outside. Submitting
and fallen. The voice holds the back up. An
irremediable geographical confusion. She does
not realize how close to her this world is. She only
knows she treads over a dark viscous terror. A list of
infinitives prolongs the accident.


- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -


on the floor
alphabet with ancestor

is it a lake
this free-lance eye ?

the body slips in there
from a word to demolish

constrains the beast
to shift about and about


- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -


the numeral is to the left of the construction
they loom up
in restless movement
for space they have lightness


- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -


repetition is moving back
from the visible brink

the voice conceals
a state of weightlessness

she cannot interrupt its flight

around this stain
the day of the numeral, of the strangulation
the wrist burns the old way
name poised on the lips
they come together


- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -


"A language they have not thought in." A childhood
quenched in the ruckus. She no longer improvises.
(No offering, hardly a stir.) She situates the knife-
edge, unsteadies the wound. The center of the
room a cloth of linen. He locks in loss, forces child-
hood down and bears the image to its term. Framed
stealthily, the landscape merges with the eye.


- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -


Like an unappeasable rage. Each blow reinvigorates
him. The fall gauges the distance gone. Fragility of
a sense "containing four simple bodies." Without
recognizing them, she takes up with them again.
Only the numeral resists. Sends her back to her
mine.
...

La poésie entière est préposition.

Ce n'est que lorsqu'on met le pied sur l'âme de la corde que
le récit se déploie. Avant cela, il n'y a que des fragments de
sens et l'on ne voit rien de ce qui noue l'intrigue.

La voix n'aide pas à reconstituer une charpente. Elle dissout
l'ensemble, la fragilise et ne retient que l'apparence.

Les accidents sont essentiels. Ils sont ce qui donne la forme
et sa lisibilité.

« Ils parlent à l'oreille, je veux parler à la mémoire. »
(Joseph Joubert.)

Un excès de sens réduit le vers en cendres.

Dans le creux du langage. Jamais dans le plein.

(« Je » est d'autant plus présent dans Les natures indivisibles
que, dans La notion d'obstacle, ce pronom était radicalement
absent.)

L'importance du dos.

Un livre n'appartient pas. Un corps, à qui appartiendrait-il ?

« Ma science ne peut être qu'une science de pointillés. Je
n'ai ni le temps ni les moyens de tracer une ligne continue. »
(Marcel Jousse.)

Le corps n'est pas sujet, c'est pourquoi . . .
...

The whole of poetry is preposition.

It's only with your foot on the core of the tightrope
that the narrative unfolds. Before that, there are only
fragments of sense and you see nothing of what ties
the plot together.

Voice is no help in constructing a framework. It
dissolves the whole, makes it fragile, and retains only
appearance.

Accidents are essential. They are what give form and
readability.

"They speak to the ear, I wish to speak to the memory."
(Joseph Joubert.)

Too much sense reduces the line to ashes.

In the hollows of language. Never in its fullness.

("Je" is all the more present in Les natures indivisibles as
in La notion d'obstacle this pronoun is totally absent.)

Importance of the back.

A book is not a property. Whose property is a body?

"My science can only be a science point by point.
I have neither time nor means to trace a continuous
line." (Marcel Jousse.)

The body is not a subject; that's why . . .
...

The Best Poem Of Claude Royet-Journoud

UN SENS CLAIR

l'éblouissement
face à la nature du crime
un simulacre épuise le sol


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Après avoir choisi l'angle, une photographie du
muscle. L'image descend. On est en dehors. Dans la
soumission et la chute. La voix tient le dos.
Un désarroi géographique, sans recours. Elle ignore
la proximité de ce monde. Elle ne connaît que le
soubassement d'une terreur liquide et noire. Une
liste d'infinitifs prolonge l'accident.


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sur le plancher
l'alphabet de l'ancêtre

est-ce un lac
cette disponibilité de l'œil ?

le corps se glisse là
d'un mot à abattre

il force la bête
à continûment se déplacer


- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -


le chiffre est à gauche de la construction
ils surgissent
dans l'inquiétude du mouvement
ils ont la légèreté pour espace


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la répétition est déplacement
du bord invisible

la voix dissimule
un état d'apesanteur

elle ne saurait interrompre son trajet

autour de cette tache
le jour du chiffre, de l'étranglement
le poignet brûle l'ancienne manière
lèvres posées sur le nom
ils s'ajointent


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« Un langage dans lequel ils n'ont pas pensé. »
Une enfance éteinte dans le bruit. Elle n'improvise
plus. (Nulle offrande, à peine un mouvement.) Elle
situe le tranchant, fait vaciller la plaie. Le centre de la
pièce est un linge. Il se ferme sur la perte, pousse
l'enfance vers le bas et porte à son terme l'image.
Dans l'encadrement furtif, le paysage se confond avec
l'œil.


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C'est comme une rage que rien n'apaise. Chaque
coup renforce sa vigueur. La chute donne la mesure
du pas. La fragilité d'un sens « qui renferme quatre
corps simples ». Sans les reconnaître, elle renoue avec
eux. Seul le chiffre résiste. Il la rend à son exploitation
minière.

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