DISCRIMINER Poem by Claude Royet-Journoud

DISCRIMINER

La poésie entière est préposition.

Ce n'est que lorsqu'on met le pied sur l'âme de la corde que
le récit se déploie. Avant cela, il n'y a que des fragments de
sens et l'on ne voit rien de ce qui noue l'intrigue.

La voix n'aide pas à reconstituer une charpente. Elle dissout
l'ensemble, la fragilise et ne retient que l'apparence.

Les accidents sont essentiels. Ils sont ce qui donne la forme
et sa lisibilité.

« Ils parlent à l'oreille, je veux parler à la mémoire. »
(Joseph Joubert.)

Un excès de sens réduit le vers en cendres.

Dans le creux du langage. Jamais dans le plein.

(« Je » est d'autant plus présent dans Les natures indivisibles
que, dans La notion d'obstacle, ce pronom était radicalement
absent.)

L'importance du dos.

Un livre n'appartient pas. Un corps, à qui appartiendrait-il ?

« Ma science ne peut être qu'une science de pointillés. Je
n'ai ni le temps ni les moyens de tracer une ligne continue. »
(Marcel Jousse.)

Le corps n'est pas sujet, c'est pourquoi . . .

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