Michèle Métail

Michèle Métail Poems

tracks, trips, rumble rimmed
in steel rails and grey, ties
continuous course of ballast
rolling and unwinding on curves
...

danger of wear and tear, leave stranger
thanks to sudden favor, irruption
looked out after perspectives
by doorway where these petrified
...

where from a train ready to depart
arrives laminar crossing stretched
over the said-town's long course
its name, the appropriate travel term
...

on the map, town's flattening
you are here, in the empty circle
encircled, red and carmine circle
image of hypotheses projected
...

from map where this place disappears
first vertically with dimensions
by pieces bringing to face standing
in space made heavy by volumes
...

according to the line of a parcelling
axe around which to the east the west
only there, as if coming and going
without rotation, this same move
...

here, you are here, votive site
temporary in desemboweled town
undesirable in the closed space
of obstructions and its limits
...

at the pedestal of lustre, bronze
and pediments, headline
the commemoration page, oppressing
maze of scrambled memories
...

we would like to escape, to detach
to look backlit, anonymous
behind their anatomic mask
crowd of unmarked faces
...

as soon as surviving the open sky
of day, night opposing light
though precarious, the effect touches on
a circular look around, noting
...

(plan parcellaire)
effeuillé d'hiver
se dresse là entre
des murs, triangle
angles sombres où
s'étagent à mi-bois
des rameaux épais
quand aux pointes
un bourgeon fendu
jour, jour suivant
éclose l'éclosion

12 avril 2000 : marronnier dans la cour



sur l'oubli, un trou
par le creusement
à creuser ce creux
l'abîme de mémoire
évidée d'évidence
et ces empreintes
que le temps trace
pour l'effacement
de mettre, omettre
au chantier, passé

20 avril 2000 : Potsdamer Platz



occupé au cordeau
de la digue, un coin
confiné, parcelle
à la ligne alignée
se détache du vert
ombragé et massif
colonie arpentée
dans ses bordures
prises en limites
rêve clos, clôture

30 avril 2000 : Laubenkolonie,
jardins ouvriers de Spandauer Damm



à claque mur, murée
s'y vrille la vigne
vierge et support
de couvrir, loggia
où l'abandon à demi
un fauteuil, tendu
tendant sur la rue
réfractée, l'image
de l'usure si vraie
à s'user tout à fait

9 mai 2000 : Potsdam.Villa à vendre



qu'un cri, détresse
à la voie publique
les mains en appel
par l'indignation
aspire, il s'espère
s'exaspère, un élan
vers lequel, geste
au moindre manque
écouté inaudible
tue-tête et se tait

29 mai 2000 : ‘Der Rufer', (Celui qui crie)
Statue de Gerhard Marcks. Strasse des 17. Juni



motif de symétrie
aux perspectives
la percée urbaine
déjà monumentale
axe et rectiligne
carcan quadrillé
de la parade, stucs
allée où triomphe
inattendu, si doux
un parfum, tilleul

18 juin 2000 : Karl Marx Allee



haut dans le chaos
jailli vif d'en eau
un ruissellement
à l'écume courante
de falaises, pente
au passage du pont
bruine de sa chute
s'évapore l'humide
caniculaire l'air
sur la rue insolée

3 juillet 2000 : la cascade de Viktoria Park



scandés, percutés
aux corps, des sons
les graves, rythme
dans le mouvement
de répéter, marqué
sur une pulsation
à faire et refaire
ceci, la vie l'envie
du monde, un projet
échoué drôlement

8 juillet 2000 : Love Parade. Tiergarten



distraite de voir
tel que l'œil, bref
porté vers l'ouest
près de la fenêtre
plein ciel au gris
où brille un avion
quand surgit d'ici
inverse au trajet
vol lourd d'une oie
battant l'air lent

11 août 2000 : par la fenêtre du bureau



voûtes et rosaces
un portique, ruine
laissée vide hors
d'un pigeon, fiente
lignes blanchies
de la destination
dévoyée des voies
égarée autrement
la gare terrassée
son terminus vain

13 août 2000 : Porticus Anhalter Bahnhof
Portique de l'ancienne gare d' Anhalt



déniché de la cime
à la volée, corbeau
la cloche envolée
quand bien volent
les feuilles hors
une feuillée déjà
jaune, jaunissant
sitôt de l'automne
et dix-huit heures
au son du carillon

15 octobre 2000 : Haus der Kulturen
der Welt. Le carillon



fragile de ce jour
où diminue plombé
en débit monotone
gris comme il a plu
aux pavés inégaux
et la rue souvenue
de l'été seulement
lumière laiteuse
tarie de l'absence
rien ni contraste

28 octobre 2000 : dans les rues
de Charlottenburg



reflet de cristal
la nuit, la coupole
enflammée des ors
désormais hantée
nausée, l'histoire
ressasse rôdeuse
tandis qu'un signe
pour que s'ébranle
même chancelante
si lente la marche

9 novembre 2000 : manifestation contre
le racisme devant la synagogue. Oranienburgerstrasse



moins de la saison
les cerisiers vus
à la double rangée
arrangée d'un pont
en bouquet, fleurs
trop tôt avancées
s'arrêtent gelées
outre les flocons
seuil sans degrés
zéro fané du froid

13 décembre 2000 : retour en tram de Pankow



écran soir et noir
le trajet fatigué
se signale sonore
riverain des rues
où la ville livrée
en photos banales
au virage, visages
s'effacent, mi-nuit
même des lumières
quand s'éteignent

16 décembre 2000 : 79 cerisiers en fleurs
en contrebas du Bösebrücke. Norwegerstrasse



en affiches la vie
placardée de joie
si facile, si douce
où défile une rame
s'arrête et change
alors d'un couloir
langueur des sons
comme l'accordéon
la voix obsédante
seule sa solitude

10 janvier 2001 : un musicien russe à la
station de métro Heidelbergerplatz




gris pulvérulent
et plutôt minéral
par couches fines
les grains grenus
au crissement dur
étalés d'asphalte
ou les pavés, le pas
verglas s'y frotte
qui déroute épars
après la sableuse

24 janvier 2001 : Storkwinkel par
temps de neige



neige, tard de l'est
qui couvre encore
au sol et marquage
les files à suivre
sans voir des rues
effacées, signaux
où tourner, cadran
écoulé aux heures
libre ni interdit
pour penser à l'été

25 mars 2001 : Passage à l'heure d'été.
Tempête de neige. Rathenauplatz
...

Voies, voyages, le roulement ferré
dans ses rails et gris, traverses
continu cheminement du ballast
roulant déroulant sur la courbe
ses frottements, d'un bruit sourd
et s'approche, imminent au signal
l'aiguillage, où bifurque ferrée
la voie enferrée de ses remblais
tracé concassé, une seule traite
au ralenti, la traînée mécanique
s'essoufle le rythme et plus bas
lenteur à la destination, crisse
aux coulisses de la ville, décors
les bas-côtés, panneaux glissant
qui s'affichent, icônes alentour
des mots, archives estampillées
où n'importe, d'un lieu quelconque
dépourvu des distinctions, sauf
dans l'attente, à l'arrêt du moment
annoncé, s'entrevoit, quel, unique
le nom connu à désigner le voyage
quand par là il finit et commence
rendu possible de l'éloignement
intervalle géographique, l'exil
par le graphe, abscisse, position
déposé sur le quai, gare d'arrivée
...

péril d'usure, repartir étranger
à la faveur soudaine, l'irruption
pointée après les perspectives
par l'embrasure où se dispersent
ces contours pétrifiés, recours
des ombres, des lumières perçues
retombées opaques, demi-teintes
sur le lieu dépaysé, introuvable
au territoire graphique, profil
en suspens de la ville, fragments
des vis-à-vis à l'instant, parcours
dans le transit rotatif, la terre
hâtée selon le long des horizons
et demeure le vertige, battement
de cils, l'oeil incertain d'énigme
le lieu sans cesse au proche, loin
vous êtes ici, en dehors du cercle
passant étrange, étranger ainsi
libre usage, marchant nulle part
...

où arrive d'un convoi en partance
croisements laminaires étirés
au long cours de la ville répétée
son nom, le terme propre du voyage
avant que s'imagine, premier plan
dans l'entre-deux, étranger par où
à pas perdus, indécis de s'avancer
la retenue de franchir, hésitant
où l'on va, où l'on est, le lieu défini
déchiffré à l'inventaire précis
seuil d'un énoncé inconnu de rues
litanie pour mémoire cadastrée
...

sur le plan, les aplats de la ville
vous êtes ici, dans le cercle vide
encerclé, cercle rouge et carmin
l'image des hypothèses projetée
au point calculé de la sphère, ici
sur la surface illisible du lieu
repérage de l'étendue apparente
dûment légendée à l'observateur
car désorienté, ce vide cardinal
empreintes défigurées de la vue
au travers, maillage imaginaire
et sans relief de dire, ici cercle
à échelle réduite, il faut briser
et sortir dans la ville, échappée
...

hors du plan où disparaît ce lieu
d'abord vertical aux dimensions
par pans portant à la face l'appui
dans l'espace alourdi des volumes
cubes édifiés édifices à surgir
échafaudés en aplomb, pesanteur
vers le sol attractif, gravitant
à rechercher le centre, une ville
démembrée au temps, son entaille
...

selon la ligne d'un morcellement
l'axe autour duquel à l'est l'ouest
seulement là, comme si va et vient
sans rotation, le mouvement même
battement du pendule oscillant
aux extrêmes, à ignorer le centre
dans l'encombrement persistant
des canalisations agglutinées
levier des grues à reconstruire
acier, les fondations de l'utopie
qui affleurent, vestiges retors
exhumés des fouilles, décombres
...

ici, vous êtes ici, chantier votif
passager dans la ville éventrée
indésirable encore au lieu clos
des obstructions et ses limites
à l'encontre, si près de rejoindre
bouché, condamné de là, l'interdit
ou se glisser par une claire-voie
issue dans le dédale métallique
qui cantonne borné, le périmètre
canalise le parcours à circuler
...

au piédestal des patines, bronze
et les frontons, grand titre, page
des commémorations, oppressant
lacis de souvenirs embrouillés
bribes sans paroles, aucun signe
on achoppe aux images, l'histoire
dans ces monuments trop voyants
pour l'ordinaire, quand s'éclaire
lumière crue, elle aveugle alors
des domes et coupoles arc-boutés
contre les murs borgnes, résiste
brutale d'une cicatrice, impacts
incrustations fossiles, pierre
aux constructions abandonnées
alignement frappé des colonnes
observables, corps des carcasses
l'invraisemblable de témoigner
ici le cercle des faits consignés
graves des guerres, inutilement
triomphes et déclins alternant
jusqu'au retour de repartir, tour
ravivé de la spirale, entêtement
à repenser, photos figées du lieu
entrevu confusément, illusoire
obsession de connaître au temps
quand se dresse passé, l'embusqué
la remontée à la traque des dates
...

on voudrait s'échapper, détacher
observer en contre-jour, anonyme
derrière son masque anatomique
la foule des visages sans marque
dont les regards vrais, éclipses
visions disloquées dans l'oubli
souterrain, ville pavée en creux
se dissimule, doublure à l'envers
des correspondances inscrites
mosaïques et néons, rames jaunes
défilés à la vitesse des tunnels
artères obscurcies traversant
sous l'air libre autrement égalé
le voyage qui conduit non-voyant
distance reliée au site, la durée
d'aller le retour en topographie
forme peu réelle de fractionner
les relévements de terre en mont
réseau de tentatives, d'où sortir
à la surface des portes urbaines
arrêt, station, passerelle du nom
...

Michèle Métail Biography

The French poet Michèle Métail was born in Paris in 1950. She read German and Chinese at university and later became affiliated to the renowned OuliPo group – an extremely divergent group of writers, all of whom adhered to the same basic literary principle in that they observed self-imposed writing constraints.)

The Best Poem Of Michèle Métail

Maze - You Are Here (1)

tracks, trips, rumble rimmed
in steel rails and grey, ties
continuous course of ballast
rolling and unwinding on curves
its rubbing, with muffled sound
and approaches, imminent to signal
switching, where steeled in
rails in steel branch off
traced grounded, a single stretch
in slow motion, the mechanical pull
runs out the rhythm and lower
slowly to its destination, screeches
at the town's curtain, scenery
edges, sliding signals
that display, icons around
words, stamped archives
wherever, from an ordinary place
without any distinctions, except
waiting, at the stop announcing
moment, glimpses, that, unique
known name indicating the trip
when this way it ends and begins
produced from the distance
geographical space, exile
by graph, x-axis, position
placed on platform, arrival station

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