De Pouemes. #5. Notes Sur L'histoire De La Chenille Poem by Philippe Gravel

De Pouemes. #5. Notes Sur L'histoire De La Chenille

Je jouais de la guitare, simplement assis dans le parterre, en face de l'école Mitchell, je peaufinais. Mes
souliers de cuir étaient là, les talons retournés contre la piquette des pins, et l'enclume contre la surface
du gazon terreux. À cet endroit précis, j'observais autour de moi les aléas nerveux des fourmis noires.
J'eus, non la vague impression, mais plutôt la certitude que mon derrière était enfoncé tête première
dans une fourmilière, échafaudage du type des Frères Grimm. Poilu, sans manières, ce géant en
civilisées fresques: il a du avoir été éduqué par des rustres, une famille de carcajous. Aussi, dans
l'herbe, j'observe la chenille monter là, nonobstant aux algues vives de la terrasse. Ça m'amène, au
départ, à sourire, et je continue à jouer. Et même j'augmente mes niveaux de concentration. Et de
manière incrémentale, je suis plongé dans le Présent. Je suis honoré de jouer devant les fourmis.
Une chenille s'exile des savanes douteuses de l'herbe, puis prends mon jeans pour un hydravion, en
quelque sorte. Elle se meut lentement. Par saccades gondolantes et ondulées, à la manière d'un
hippocampe. À ce moment, je jouais du Lou Reed « Take a Walk on the Wild Side ». Elle continue de
grimper.
Détails superlatifs: Poils. Brossés comme ceux d'un golden retriever. Épiderme sensible, de vraies
tours d'archontes. Comme les mandibules des fourmis, qui se brandissent sans ternir; la stèle d'une
culture parallèle. Les réalités circonspectes créées par les mots, le langage écrit qui n'est parfois que la
langue du désaveu.

Tuesday, September 18, 2018
Topic(s) of this poem: analogy
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