ÉDEN, DEUX, TROIS ÉMOI Poem by Valérie Rouzeau

ÉDEN, DEUX, TROIS ÉMOI

I

Le cheval a mangé la rose voici le Prince
Il est ébouriffé il a dû attraper du grand vent comme un arbre et des plumes au passage
Montre-moi ta banlieue dit-il et je l'emmène
Voir à même le bitume d'une rue pittoresque
Quatre pieds de carottes levés dans le trottoir
Et maintenant allons poursuivre notre fête
Sur le chemin de fer français à cette heure-ci c'est un départ en bleu
Nous nous rendons à pinces dessous le fil à linge où ma jupe frissonna il était une fois
(Dans la brise de Praha et puis de Cordoba j'attendais son retour
Je semais un éden béton un jardin pour mieux lui faire la cour)
Alors le bouchon part visant le petit train des mains du bien-aimé et je suis très touchée


II

(Autrefois à un adieu d'amis je déchire mon vêtement de pluie en plongeant d'un mur des Tuileries dans une profondeur grise de cyprès une nuit et je fais sur mes chaussures un bruit presque mélodieux puis j'escalade) je continue sous les étoiles


III

Une file indienne d'Ivoiriens traverse avec chacun sur la tête un colis
(Un colis beau colis brocoli)
La cour où la bourrache a levé d'un parpaing creux
(Pour ses yeux c'est fête juste pour ses yeux)
Je veux dire quelque chose de moi à lui et bouleversement
Cette phrase de fourmis noires avec ses pousses de chou vertes ou bleues qui se balancent c'est immense aphro-paradisiaque
Il n'aura pas besoin de chausser ses lunettes pour lire mon amour


IV

À quatre heures du matin sous la lune il sort
En costume d'Adam mon amant va respirer la rose
La rose éclose dans la cour grise
À quatre heures nu sous la lune la ville aurait pu le voir avec la rose
Alors j'ai grimpé à son cou
Comme un lierre comme trémière
La rose.

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