Le massacre Poem by Ghayath Almadhoun

Le massacre

Le Massacre est une métaphore morte qui dévore mes amis, qui les engloutit sans sel. Ils étaient poètes et sont devenus des Reporters avec frontières. Ils étaient fatigués et ils sont devenus exténués. « Ils traversent le pont au matin d'un pas léger »* et meurent sans couverture téléphonique. Je les vois dans les lunettes de vision nocturne, je suis la chaleur de leurs corps dans la pénombre. Là, ils le fuient et là, le retrouvent au gré de ce massage terrifiant. Le Massacre est leur mère véritable. Quant au génocide, ce n'est rien qu'un poème classique qu'écrivent des généraux cultivés mis à la retraite. Le génocide ne convient pas à mes amis, car il s'agit d'une œuvre collective et organisée, et les œuvres collectives et organisées leur rappellent la Gauche qui les a abandonnés.


Le Massacre s'éveille tôt et baigne mes amis dans l'eau froide et le sang. Il nettoie leurs sous-vêtements et prépare pour eux le pain et le thé. Ensuite, il leur enseigne un peu la chasse. Le Massacre se soucie plus de mes amis que la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme. Il leur a ouvert la porte lorsque les autres portes étaient fermées et il les nomme par leurs prénoms lorsque les bulletins d'information cherchent le nombre de victimes. Le Massacre est le seul qui leur accorde l'asile sans se préoccuper de leurs passés. Leur situation financière ne l'intéresse pas. Qu'ils soient intellectuels ou poètes, ça ne le préoccupe pas. Il regarde les choses d'un angle neutre. Il possède les mêmes traits inertes qu'eux et les mêmes noms d'épouses veuves qu'eux. Il passe comme eux dans les campagnes et les banlieues et apparait soudain comme eux dans les flashs infos. Le Massacre ressemble à mes amis mais il les précède toujours dans les villages retirés et dans les écoles des enfants.


Le Massacre est une métaphore morte qui sort de la télévision et qui engloutit mes amis sans la moindre pincée de sel.

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