Le rideau se déchire Poem by Rose-Marie François

Le rideau se déchire

On patauge dans la limaille que rouille à sang un soleil bas.
Entre les cornes du taureau, la femme divisée revient du rapt.
Laver les signes, les plis pris aux barrières, sueurs, poussières, traces ténues de la méfiance prête à rebondir.
Fourbir les bulbes, sauver des pluies acerbes les flèches, les dentelles.
Se réconcilier avant de mourir d'une tierce main, mercenaire impatiente à nos soldes, frères en froid. Renoncer à faire les comptes, qui a loué le premier cavalier, fourni la balance, la jument rouge, l'étalon noir.
[…]
Entre les lèvres métalliques, toutes-boîtes, la langue s'use à la râpe des réclames.
[…]
Serons-nous du voyage dès l'ouverture des frontières ou accueillerons-nous les assoiffés? Panserons-nous leurs plaies à l'arrachement des cils? L'ignorance rend envieux. Mirages amoncelés, la pluie la boue sur les contours fait chanceler les lumières.
A cheval sur la chanlatte, les pieds dans le courant glacé, on voit passer les chimères, les mousses égorgés, les agendas couverts de feuilles.
*
Le pays surgira du livre, de la carte, de la mémoire, nous sautera aux yeux, au cou, au visage. Diablotin à ressort ou patriarche sculpté, billet crasseux ou effigie maternelle, qui pourra le prévoir?
Quelle génération aura l'heur de rentrer, trouver le lieu sous le béton, brûler les broussailles, enneiger les fosses, poser la main sur la plus haute pierre?

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