Rose-Marie François Poems

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1.
Cerises

Au bout de mes doigts, père,
tes doigts
que j'effleure
presque...
et l'envie des cerises
mûres
trop haut dans le bleu de l'arbre.
Tu m'as hissée jusqu'au miroir...
Ce rouge ce rire à mes oreilles
la pulpe de tes lèvres...
Nous aurions dû savoir
que le ciel
commençait au ras de l'herbe.
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2.
Cherries

The tips of my fingers, Father,
barely touch the tips of yours
and I long for the ripe cherries
far out of reach in the blue branches.
You have lifted me to the mirror.
This red this laughter in my ears
the luscious flesh of your lips.
We should have known
that sky
began at the level of grass.

English translation: Phillip Sterling
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3.
La petite fille en Féronstrée Pour Framboise

Le singe au zoo récite le journal
d'une enfant sage dont chaque page
- pas un jour ne manque -
commençait par les mots :
‘j'ai été à la messe'.
Neuf ans, sans une faute de grammaire
une écriture maîtrisée dans la routine des poupées,
des coutures, des devoirs,
des obéissances.
Le singe dans sa cage ouvre
une bouche aux dents innombrables
tel un requin échoué sur le sable à l'endroit où l'enfant écrit
comme elle aimait aller courir dans la forêt
courir et crier, crier, crier…

(Chimpanzé, 1955, Staatsgalerie, Stuttgart)
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4.
Das kleine Mädchen der Féronstrée

Ein Affe im Zoo liest aus dem Tagebuch
eines braven Kindes vor :
jede Seite - es fehlt kein einziger Tag -
fing so an : « Ich war bei der Messe. »
Neun Jahre jung,
keinen Grammatikfehler.
Eine beherrschte Schrift
in der Routine der Puppen,
der Näharbeit, der Schulaufgaben,
der Gehorsamkeit.
Im Käfig sperrt der Affe
das Maul auf : unzählige Zähne
wie ein gestrandeter Haifisch
da, wo das Kind schreibt
wie gerne es im Walde rennen wollte,
rennen und lauthals schreien,
schreien, schreien

Aus dem Fanzösischen von der Autorin und Thomas Christoph Ottmer
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5.
En Belgique

[…]

In Wilrijk vragen ze
naar mijn muziekinstrument.
Ik speel stem
in verschillende talen.
Ik speel taal
met verschillende pennen.

Je joue de la voix
en diverses langues.
Je joue de la langue
sur diverses plumes.
Réponse à qui m'interrogeait
sur mon instrument de musique.
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6.
Fait divers

On disait :
Les grands bois sombres
et on tremblait.

Rien
à l'heure opaque
que les branches qui craquent -
résine surchauffée.

L'oeil agrandi cherche une luciole,
l'appoint d'une pensée.

Mais au clair du néon
les sapins vont l'amble.
La nuit ne fait plus peur
ni l'ogre.

Les enfants eux-mêmes
sont des tueurs.
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7.
Fait divers

We'd say
the big dark woods
and shiver.

Nothing
at the opaque hour
but creaking branches,
overheated reesin.

The eye grown wide
searches for a firefly,
the support of a thougt.

But by neonlight
fir trees amble.
Night no longer terrifies,
nor does the oger.

For
kids are killers.

Transl. Judy Cochran and Anne-Marie Glasheen
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8.
FROMENT, MIEL, AIRELLES

On n'a plus le temps ? On n'a pas le temps…
La poésie traverse le temps !
Passe à travers le temps… passe au travers du temps !
Écoutez comme, un jour,
au Musée National de Copenhague,
la Poésie me fait d'une MOMIE
une merveilleuse AMIE :
FROMENT, MIEL, AIRELLES
A dix-huit ans on l'a couchée
dans un chêne évidé.
A portée de la main
une coupe d'hydromel -
froment, miel, airelles -
près du squelette calciné
d'un enfant en bas âge.
La vitrine m'empêche
de toucher tes cheveux
ou le bois rugueux du couvercle
suspendu
à nos yeux profanateurs.
Tu as bientôt quatre mille ans.
Morte au matin des roses,
tu n'as pas pu vieillir jusqu'à mon âge.
Ai-je en outils, en légendes, en voyages,
quatre mille ans de plus que toi?
Ces lanières de cuir tressé,
jupe arrêtée sur tes cuisses...
Tu dansais au soleil...
Entre, assieds-toi, que je t'écoute...
Ils disent de cet enfant :
« Peut-être un sacrifice rituel ? »
Tu ris dans tes larmes.
Que tes yeux sont vert pâle,
ils ne le sauront pas.
Quand on a retiré le petit du brasier
où il était tombé, fasciné par la flamme,
tu l'as suivi dans l'autre monde,
c'est cela?
(Comment s'échangent nos langues?
Quel est notre parler commun?)
La traversée se fait dans la tempête.
Comme aux pêcheurs pour les poissons d'argent,
on t'a donné un filet
pour tes cheveux.
Je tends la main vers eux, blondeur
cendrée par les jours d'ombre ;
j'ai ton âge et tu me souris.
Mes doigts ne t'atteignent pas,
c'est toi qui me touches.
Etait-ce ton enfant,
ton petit frère,
celui à qui tu ne pouvais survivre?
Et à quoi pensais-tu
quand les haches tombaient:
au chêne en sueur, à ses racines?
Qu'à son tour il ne te survivrait pas?
Et où rompre la chaîne
de ces morts concertées?
Pas encore… quatre mille ans plus tard
puisque
tu me tends la main.
Ecoute,
tu me prêteras le couvercle
et nos barques jumelles
s'en iront côte à côte.
Nos filets dérisoires
tombent au fond du temps.
Qu'y a-t-il à prendre
dans la tempête ultime?
Tes yeux sont verts, très pâles.
Ils ne les ont pas vus.
...

9.
Weizen, Honig, Heidelbeeren

Mit achtzehn Jahren hat man sie
in eine ausgeholte Eiche gelegt.
In Reichweite
ein Becher Met
Weizen, Honig, Heidelbeeren
neben dem verkohlten Skelett
eines kleinen Kindes.
Die Glasvitrine hindert mich
die Haare zu berühren
oder das rauhe Holz
des vor unsrem entweihenden Blick
offengehaltenen Deckels.
Bald bist du viertausend Jahre alt.
Am Morgen der Rosen gestorben,
hast du nicht so alt wie ich werden können.
Bin ich dir an Geräten, Legenden und Reisen
viertausend Jahre voraus ?
Diese geflochtenen Lederriemen,
der Rock bis zu den Schenkeln…
Du tanzest in der Sonne…
Tritt ein, nimm Platz, ich will dich zuhören.
Von diesem Kind sagen sie :
« Vielleicht ein rituelles Opfer. »
Weinend lächelst du.
Dass deine Augen blassgrün sind,
werden sie nicht erfahren.
Als man den Kleinen aus der Glut zog,
in die er, von der Flamme fasziniert, gefallen war,
bist du ihm in die andere Welt gefolgt,
nicht wahr ?
(Wo treffen sich unsere Sprachen ?
Welche Wörter sind uns gemeinsam ?)
Die Überfahrt bei Sturm und Regen.
Wie den Fischern für ihren silbernen Fang,
gab man dir ein Netz
für deine Haare.
Ich strecke die Hand nach ihnen aus,
nach ihrem von den Schattentagen aschgrauen Blond ;
ich bin so jung wie du, und du lächelst mir zu.
Meine Finger erreichen dich nicht,
du bist es, die mich berührt.
War es dein Sohn,
dein kleiner Bruder,
den du nicht
überleben konntest ?
Woran dachtest du,
als die Äxte niederstürzten :
an die schwitzende Eiche, an ihre Wurzeln ?
Dass sie nun ihrerseits dich nicht überleben würde ?
Und wann kann die Kette
all der geplanten Tode abgebrochen werden ?
Auch viertausend Jahre später noch nicht,
da du mir
die Hand reichst.
Pass mal auf !
Du wirst mir den Deckel leihen,
und unsere Zwillingsboote
fahren Seite an Seite hinaus.
Unsere armseligen Netze
fallen auf den Grund der Zeit.
Was gibt es zu fangen
im letzten Sturm ?
Deine Augen sind grün, sehr blass.
Sie haben sie nicht gesehen.

Aus dem Französischen von Rüdiger Fischer.
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10.
Notre Mère

Notre Mère qui es la terre
Que ton nom soit chanté
Que nos pas te révèlent
Que nos mains te caressent
En caressant tes fruits.
Donne-nous aujourd'hui
les blés de ton amour.
Ne brise pas nos ailes
comme nous brisons celles
des êtres qui nous aiment
ou qui nous ont aimés.
Mais fais-nous clair danser
sur tes plaines cicatrisées
et garde-nous
dans les vallées de ton giron
l'herbe d'un printemps du pardon
où retourner en cendre
ensemble.
Amen.
...

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