De Pouemes. #3. Témoignages Poem by Philippe Gravel

I.
J'avais commencé un nouveau livre et j'anticipais une fin assez proximale, une qui se produirait aux
alentours de la page quarante. Finalement, et une fois rendu à la page 191, je me retrouve dans une
impasse, comme si j'étais bloqué dans ce processus que je nomme tablée de création. Mon personnage
ne me parle plus, ne se révèle plus qu'Autrement et très rarement à moi… La raison fondamentale,
celle-là qui m'a poussé à écrire, et bien il s'agit d'un événement tragique, c'est-à-dire la mort de ma
compagne, arrivée lors de ce mois de janvier 2016. J'ai été marié, il faut dire, avec cette femme
pendant au moins cinquante années. La mort de ma femme, cette dernière folie, m'a fait, je dirais,
quelque chose de grand, et emmagasiné des frustrations énormes. Pour m'éviter de devenir rance et
courbaturé, je devais trouver un moyen d'expulser les nostalgiques râles. Au départ, je croyais que
l'entreprise prendrait une forme négative. Surprenamment, une forme constructive de la pensée s'est
montrée cajoleuse et finalement dévoilée en moi.
II.
Le bien/ le mal, s'immisçant dans la pénombre du soir, cambrant mon dois d'une
bienfaisante/malfaisante poigne, dépendamment de l'interprétation. Une atmosphère lourde, si
seulement nous-mêmes la portons ainsi dans notre coeur. L'exorcisme de mes ingratitudes, de mes
torts, de mes violences internes, de mes jugulaires éméchées ne se produira que par l'entremise d'un
codeur pur, un qui soit demeuré translucide, impénétrable, boue sans roque, vent matée glace. Alors,
seulement, par l'unicité des éléments, elle sera là; panthéistement réunie, autour du grand feu qui
sacque des lacs de lave fondrière. Elle sera là, la Famille du feu; et ses membres, ceux qui le portent
quotidiennement bien haut, s'entrelaceront comme d'anonymes héros.