La Survie Poem by Rita El Khoury

La Survie

Je m’adresse à toi bonhomme,
C’est vraiment toi que je nomme.
Voici quelques conseils pour toi,
Qui te retireront toute ta foi.
Fais de ton cœur une pierre,
Ecoute-moi, pas un verre!
Le verre est transparent
Et se brise à tout moment.
La pierre, elle, est dure,
Et c’est la seule qui dure.
C’est ton premier conseil à suivre,
Sinon les hommes te feront ivre.
C’est là l’arme de ton cerveau,
Sinon, on fera de toi un idiot.
Ecoute-moi te dis-je,
Ne sois pas une fragile tige.
Toi, qui crois que les lois sont faites,
Que les âmes sont parfaites,
Qui est convaincu que je suis folle
Et assez habile en hyperboles,
Qui fait, face à moi, le sourd,
La vie te montrera dans quelques jours,
Que mes conseils de survie,
Moi, endurcie par la vie,
Sont beaucoup plus raisonnables
Que les meilleures fables.

Dussé-je crier dans les feuilles,
Dussé-je pour toi me mettre en deuil,
Dussé-je me morfondre le cœur,
Dussé-je agrandir ma douleur,
Dussé-je pleurer pour te sauver,
Tu verras les bons et les mauvais,
S’il y a des bons sur cette terre,
S’il y a des bons dans cet enfer!
Les mauvais, on sait qu’ils existent,
Les bons, eux, sont des extrémistes.

Tu affirmes qu’ici c’est le paradis,
Mais est-ce que tu crois ce que tu dis?
Tu dis que celui-ci a bon cœur
Mais là réside tout ton malheur.
Tu diras celui-là est meilleur,
Tu comprendras qu’il est railleur.
Tu fais, à tous, aveugle confiance
Tu te perdras dans ton innocence.
Tu crois sur parole tout ce monde,
Tu découvriras qu’il est immonde.
Toi, que rien ne peut modifier,
Se croyant capable de tout défier,
Toi, que rien ne peut surprendre,
Capable de tout comprendre,
Voici ton énigme à résoudre,
Ce serait pour toi un coup de foudre,
Toi, qui crois la vie jolie,
Demain, tu n’y verras que folie,
Tu connaîtras prochainement l’enfer,
Monsieur est le bienvenu sur la terre!
Tu pensais qu’elle était encore vierge
Tu allumais pour elle tes cierges,
Tu sauras par moi ses infamies.
Ici, ton pire ennemi est ton ami.

Tout ce monde ici-bas te hait,
Tu feins l’ignorance mais tu le sais.
Leurs âmes sont pleines de rancune,
Pitié, bonté, ils n’en ont aucune.
Ils t’étrangleront avec leur vice,
Toi, humblement attaché à leur service.
Leurs griffes vont t’ensanglanter.
Ils vont te poursuivre, te hanter.
Dans ce monde, il n’y a pas de roi,
Tout le monde est une cible, une proie,
Et le chasseur, ne l’as-tu pas reconnu?
Il a été par toi longtemps méconnu!
La vérité, maintenant je te la dévoile,
Elle t’arrachera le reste de ton poil;
Ce monstre terriblement hideux,
Dont l’acharnement est affreux,
Ce monstre attaché à ton dos,
Cet assez lourd fardeau,
C’est l’homme, l’assassin, le cruel!
C’est l’adversaire de ton duel!

Pille! Massacre! Tue! Ravage!
Tu mourras si tu fais le sage.
De tous les hommes, fais le malheur!
Tu auras, par là, ton propre bonheur.
L’univers n’est pas fait pour ceux qui errent,
Il est là pour ceux qui font des guerres.
Ronge ton semblable de souffrance!
Un de plus, de moins, quelle différence?
Soit le plus fort, soit par eux craint!
Tu seras longtemps le plus sain.
Tant pis si ça te dérange!
Tu auras la vie en échange!
Fais la douleur des autres!
Ne sois ni saint, ni apôtre!
Tu sais, les agneaux ne vivront jamais,
La vie est pour ceux qui y viennent armés.
Prends le fusil de ton courage!
Ton but, tu l’auras par la rage.
Arme-toi de patience, de fureur!
La bonté fera ta plus grave erreur.
Pour que, ton but, tu puisses atteindre,
La niaiserie, tu devras feindre,
Ensuite il te faudra, tous, trahir!
Aimer? Oublie! Pense à haïr!
Personne ne sera digne de ton amour,
Tous devront brûler dans des fours!

Quand tu sauras, de cette terre, l’horreur,
Tu réaliseras, de ta vie, le malheur.
Tu seras guéri de ton énorme cécité
Parce que tu connaîtras la pure vérité.
Maintenant, tu n’es qu’un ange aimable,
Tu apprendras à être démon et diable.
La vérité, me diras-tu, est trop crue,
Mais, si vraie pour que tu ne l’aie pas crue!
Tu penses que j’imagine, je radote?
Mais rappelle-toi les conseils de cette idiote!
Ils t’aideront à sauver ta vie,
Ils t’apprendront la survie!
Dans ce monde de mensonges
L’Amour n’est qu’un songe.

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